Le très prisé Travellers Club
On passerait presque devant lui sans le voir. En retrait, entre la terrasse d’un restaurant branché et des files d’attente de la boutique Abercrombie, l’hôtel de la Païva est pourtant l’un des monuments les plus emblématiques des Champs Elysées, car ce bâtiment classé est le dernier hôtel particulier de la célèbre avenue.
Il abrite depuis 1903 le très sélect Travellers Club, un cercle très chic de plus de 700 privilégiés internationaux, des businessmen qui perpétuent l’esprit de la marquise de la Païva, propriétaire originelle de cette magnifique demeure conçue par l’architecte Manguin.
L’Hôtel particulier de la Païva
Née dans une famille pauvre en 1819, à Moscou, sous le nom d’Esther Lachmann (alias la marquise de Païva), cette courtisane d’origine polonaise fréquenta rapidement la haute société de la capitale française, et devint marquise portugaise puis comtesse prussienne avec son troisième mari, le richissime Prussien Henckel von Donnersmarck, cousin de Bismarck.
Très épris d’elle, son mari lui fit construire entre 1855 et 1866 cet hôtel particulier qu’elle souhaitait être « la plus belle maison de Paris ». Selon la légende, pendant sa jeunesse difficile, la Païva avait été poussée hors de la voiture par un client pressé et s’était légèrement blessée. Elle se serait alors promis de faire construire « la plus belle maison de Paris » en face du lieu où elle était tombée.
Très exigeante, elle y fit travailler des artistes célèbres, tels que Paul Baudry (qui peindra également le plafond de l’Opéra Garnier), le sculpteur Carrier-Belleuse ou encore Henri-Pierre Picou et Jules Dalou. Le Grand Salon, dont les fenêtres et la terrasse donnent sur les Champs Elysées, est orné de boiseries incrustées de lapis-lazuli et d’une cheminée en marbre rouge de Carrare. Le coût de cette bâtisse de 10 millions de francs or défraya alors la chronique, tout comme la durée des travaux de près de dix ans!
A l’étage, nous avons découvert une ravissante salle de bains mauresque ornée de carreaux de faïence – reconvertie aujourd’hui en salon – avec sa baignoire exceptionnelle taillée dans un seul bloc d’onyx. Sublime. Mais la pièce maîtresse de cette demeure reste sans doute l’escalier d’honneur, construit lui aussi en onyx massif dans le style Renaissance italienne.
La Païva donnait dans cet hôtel des fêtes restées célèbres, où elle reçut notamment les Goncourt, Théophile Gautier, et Gambetta. En 1882, soupçonnée d’espionnage, elle dut quitter la France et décéda enDevenu veuf, le prince vendit son hôtel en 1895 à un ancien cuisinier du tsar, qui y installa un restaurant réputé. Pour autant, en dépit de sa renommée, l’établissement ferma ses portes en 1898, date à laquelle il fut racheté par un banquier suisse, qui le céda en 1903 à un cercle privé anglais, le Travellers Club!
Informations pratiques :
Des visites guidées de l’hôtel particulier de la Païva sont régulièrement organisées par l’association Paris historique, en partenariat avec le Travellers Club, pour découvrir ce lieu privilégié du Second Empire classé monument historique.
2 Commentaires
Florence
18 mai 2016 at 14:29Ce lieu est splendide ! Merci pour la visite 😉
Zaromcha
18 mai 2016 at 23:17Magnifique endroit. J’adore cet univers 🙂